Avec l’avènement du mois saint de Ramadan et l’apparition de nouvelles priorités sur l’agenda du citoyen tunisien, dont en premier l’épineuse problématique de faire face à la hausse vertigineuse des prix des produits alimentaires de première nécessité et avec les tiraillements qui divisent quotidiennement la scène politique nationale avec un ordre du jour dominé exclusivement par l’affaire de la formation de la Cour constitutionnelle comme le prévoit la Constitution du 27 janvier 2014 ou l’abandon pur et simple de l’idée, étant donné — ainsi que le soutiennent certaines parties — que les délais constitutionnels impartis à la mise en œuvre de cette instance constitutionnelle ont bel et bien expiré depuis fin novembre 2015, l’on se pose la question suivante : y a-t-il encore une réponse à cette interrogation qui tourmente beaucoup de Tunisiens et qui se résume comme suit : où va-t-on?
Pour être plus clair, l’on peut se demander si le pays va, de jour en jour, d’une crise à l’autre et si les protagonistes ou acteurs du paysage politique et civil national ne font que se réveiller le matin sur une polémique pour dormir, le soir, sur une autre querelle plus complexe et compliquée, le discours selon lequel le dialogue et rien que le dialogue est à même de résoudre tous les différends quelles que soient leur acuité et leur ampleur est-il encore plausible ou peut-il trouver, de nos jours, une oreille attentive auprès des citoyens qui attendent toujours une solution pacifique aux luttes intestines que se livrent nos politiciens et aussi les activistes de la société civile ?
Et quand on parle de dialogue, on est obligé de se représenter l’expérience du dialogue national piloté en 2013 par le quartet et que l’Ugtt tente, depuis maintenant près de cinq mois, de réactiver avec, pour objectif, cette fois, de faire sortir le pays de la crise institutionnelle dans lequel il est empêtré, crise opposant la présidence de la République, à la présidence du gouvernement et à la présidence du Parlement.
Un dialogue national qu’on est dans l’obligation de reporter de jour en jour, au gré des fluctuations traversant, à un rythme quasi-quotidien, le paysage politique national, au point d’en faire un rêve impossible à concrétiser.
Est-il permis d’espérer qu’à la faveur du mois de la piété, de la solidarité et de la tolérance que notre élite politique et associative saisira qu’il n’est plus possible de perdre encore du temps et qu’il est, plus que jamais, urgent de renouer avec le dialogue et la concertation.